Les plus curieux de nos spectateurs auront peut-être remarqué que, jusqu’à l’an passé, dans un escalier de secours inaccessible au public, mais visible à l’œil scrutateur se trouvait un portrait en pied. Si cette toile se trouvait à l’écart, c’est qu’elle est malheureusement en bien mauvais état (comme il est possible de le constater sur la photo ci-contre). Les aléas du temps et de nombreux accidents l’ont peu à peu détériorée au point que nous l’avions reléguée sur le côté, en partie visible seulement.

Un attachement certain à la toile et à notre histoire nous empêchait de la mettre au rebut. Grand bien nous fasse puisque cela aurait été se priver d’une toile à la valeur culturelle indéniable. Le but du théâtre a donc été de chercher à la préserver. À cette fin, le portrait se trouve désormais dans les locaux de l’atelier peinture de l’Institut national du patrimoine. Dans un avenir proche, il sera alors possible d’admirer de nouveau le portrait que nous exposerons au public à son retour dans nos murs.

Représentant un ancien comédien du théâtre, Daubray, l’œuvre a été peinte par André Gill, le fameux caricaturiste du Second Empire. Si ce dernier est avant tout retenu aujourd’hui pour ses caricatures des célébrités de son époque ainsi que pour sa déchéance à l’asile de Charenton, il s’agissait également d’un peintre reconnu. Des peintures comme Le Nouveau-Né (1881, visible au musée du Petit Palais) ou L’homme ivre (1880) avaient été très bien reçus par la critique d’alors. Ami du comédien Daubray, ce dernier lui avait servi de modèle à plusieurs reprises.

Peint en 1878, ce portrait représente l’acteur en pied, vêtu d’un pardessus noir et coiffé d’un haut-de-forme négligemment posé sur sa tête ; la main gauche sur la hanche et la droite tenant sans effort une canne, la pose est décontractée. La mine joviale et joufflue de l’acteur transmet aisément le sentiment d’un caractère joyeux et amical portant avec justesse le titre que lui donne l’artiste : L’ami Daubray.

À l’époque de sa réalisation, René-Michel Thibault (Nantes, 1838 – Paris, 1892) se produit sur les planches des Bouffes-Parisiens. Repéré par Offenbach quelques années plus tôt, c’est dans ce théâtre qu’il commença à se faire un nom et à gagner en popularité auprès du public parisien. Ce n’est toutefois qu’à son arrivée au Palais-Royal l’année suivante que sa montée vers la gloire atteindra son sommet. En effet, fin 1880, débute la pièce Divorçons de Victorien Sardou. Portée par Daubray, la pièce est à l’époque considérée comme le plus grand succès du théâtre et restera à l’affiche pendant toute l’année 1881.

Ce tableau constitue un témoignage de ce glorieux passé. Sa restauration en vue de son exposition au public est un moyen pour le théâtre d’affirmer son attachement à son histoire. Le théâtre a donc sollicité le département des restaurateurs de l’Institut national du patrimoine afin d’y parvenir. Sous la direction de Patricia Vergez, c’est une élève restauratrice, Marianne Breault, qui étudie actuellement la toile sous ses moindres coutures dans le cadre de son mémoire de fin d’études. Après avoir achevé sa restauration, elle nous la fera revenir sous un jour nouveau.

Nous utilisons les cookies uniquement pour analyser le trafic sur notre site. Pas d'usage marketing ni publicitaire ici. Nous ne partageons pas vos données et vous êtes libres de vous abonner à notre newsletter. View more
Accepter
Refuser